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Traitements & Finitions

Traitement des bois sciés

Le réchauffement climatique renforce le besoin de traitement des bois

Le bois est un support qui a besoin d’entretien et d’attention. Il est important d’avoir des produits qui ont une bonne stabilité, une pérennité », introduit Vincent Lepais responsable Prescription à Blanchon. En matière de traitement des bois sciés, les attentes se font plus fortes. «Beaucoup de professionnels ont pris conscience qu’il fallait traiter les bois pour les préserver des agressions, qui sont en forte inflation du fait du réchauffement climatique », explique Emmanuel Troccon, président d’A2C, entreprise qui conçoit, fabrique et installe des machines pour appliquer des traitements préventifs en insecticides et en fongicides pour des scieurs, négoces de bois, charpentiers, constructeurs de maisons bois et de chalets, fabricants de fermettes et de palettes, et des producteurs de bois industriels. «Certaines zones qui n’étaient pas touchées le deviennent. Par exemple, les insectes xylophages (termites) du Sud-Ouest se propagent de plus en plus loin dans la métropole, vers le nord-est de la France, jusqu’à présent épargné. Les termites s’en rapprochent inexorablement. » Si le matériau bois possède des qualités intrinsèques pour la construction (biosourcé, renouvelable, qualité d’absorption du CO2 …), « il faut aussi savoir remédier à ses faiblesses. De plus en plus de clients veulent améliorer la productivité liée au traitement du bois, tout en respectant les contraintes administratives et environnementales. Davantage qu’avant, ils intègrent ces conformités dans leurs réflexions », observe Emmanuel Troccon. Son message à la profession : « Un traitement bien fait, de manière proportionnée, est positif pour le matériau. Cela garantit une activité pérenne pour nos clients, dans le respect de l’environnement. Vendre du bois non traité devient de plus en plus complexe. »

“Le bois est un support qui a besoin d’entretien et d’attention. Il est important d’avoir des produits qui ont une bonne stabilité, une pérennité” Vincent Lepais, responsable Prescription à Blanchon 

Antibleuissement, thermochauffage, trempage… les techniques de traitement s’affinent

Sur le bois scié, Arxada (ex-Lonza) est présent historiquement sur l’antibleuissement. «Les bois fraîchement coupés peuvent bleuir quand l’atmosphère est humide. Des champignons lignicoles peuvent s’y installer et donner un défaut d’aspect, ce qui peut être un souci pour les bois dont la destination est la finition intérieure : bardage, plancher, parquet, ameublement…», explique Christophe Perrault, directeur des ventes chez Arxada France. Le traitement par trempage dans les bacs est un procédé classique. Autre traitement, le thermochauffage, mis en avant par certains industriels comme le français Ducerf ou la finlandais Lunawood. De son côté, A2C est présent sur trois technologies différentes. Tout d’abord, le trempage (ou immersion), qui se vend sous la forme de bacs de trempage ou de lignes de trempage automatiques. «Nous possédons une gamme très large, pouvant couvrir des besoins très variés, notamment en termes de volumes de bois à traiter, glisse Emmanuel Troccon. Depuis quelques années, les scieries ont tendance à évoluer vers des sites de plus en plus puissants en terme de production, avec des cahiers des charges liés à des volumes de bois très conséquents à traiter. Nous avons développé des techniques pour améliorer la productivité des matériels, tout en préservant l’environnement. » La capacité d’égouttage des bois a été augmentée pour réduire la surconsommation de chimie et réduire aussi les égouttages accidentels de chimie hors de la machine de traitement. «Les angles d’égouttage sont de plus en plus élevés. Cela permet au client d’augmenter sa cadence de traitement, dans le respect de l’environnement. » Chaque année, A2C injecte 10% de son chiffre d’affaires dans l’innovation, pour améliorer en continu ses gammes de produits.

Deuxième technologie créée, et dont A2C est l’acteur principal, le traitement par aspersion, avec une quantité de chimie très réduite. «C’est une technologie exploitable en toute légalité, sous un régime administratif et environnemental simplifié, décrit Emmanuel Troccon. Il n’y a que 900  litres de chimie dans une cabine d’aspersion, alors qu’il y en a jusqu’à 35000 litres dans un bac de trempage.» Cette cabine d’aspersion a été créée pour simplifier les démarches administratives des utilisateurs, afin de se mettre aisément en conformité. Autre avantage : la disponibilité de plusieurs couleurs différentes, contrairement à ce qui peut se faire par trempage. «Dans une même machine, les clients peuvent ainsi utiliser des insecticides colorés ou incolores, en fonction des bois et des demandes de clients. En variante, deux types de traitement différents peuvent être appliqués : insecticide sur les bois de construction, ou fongicide sur les bois d’emballage par exemple.» La technologie d’aspersion permet des capacités de traitement sur des charges de grande hauteur (jusqu’à 3,55 mètres, ce qui est unique sur le marché), telles que des paquets de fermettes assemblées ou des piles de palettes en sortie de production. En cours de développement, l’application successive et normée de traitements insecticides et retardateurs de feu. « Il y a un vrai potentiel. Des chimies existent, mais le côté non mécanisé de l’application rend leur diffusion confidentielle.

Troisième technologie, le traitement sous pression. A2C a livré en 2022 un autoclave chez un client. L’innovation principale réside dans l’absence de pompe à vide, et l’absence de pompe pour la mise en pression du cylindre. «Ce matériel peut appliquer trois couleurs et types de traitement différents », précise Emmanuel Troccon. Le ‘plus’ apporté : entretien plus réduit, fiabilité importante, grande précision pour la traçabilité du traitement du bois.

De moins en moins de molécules utilisables

Les investissements portent sur le fait de «mettre sur le marché des produits innovants et conformes aux réglementations», estime Christophe Perrault. Et il y a du travail. Il n’y a aujourd’hui que 30 molécules utilisables pour faire des formulations répondant aux problématiques liées au bois, au lieu de 200 il y a 20 ans. Cela restreint mécaniquement les usages et les possibilités pour trouver le bon produit pour le bon usage. Les industriels sont incités à poursuivre les efforts de R&D pour trouver de nouveaux actifs documentés. Les recherches sont très encadrées ! Ils ne peuvent pas décider tout seul de mélanger telle et telle molécule. Les industriels ont pris l’habitude de cette évolution. Tous les trois et sept ans, chacun des actifs autorisés est réexaminé. Soit il passe les fourches caudines, soit il fait l’objet de restrictions d’usages.

Les efforts R&D améliorent les procédés de traitements et s’adaptent à la réglementation

 Les équipes R&D d’Arxada, en Angleterre, viennent de déménager dans de nouvelles installations plus modernes, pour préparer les formules de demain. Un exemple est le développement de Tanasote® S40, une alternative moderne à la créosote à base de cuivre et d’huile, autorisée dans 22 États membres de l’UE. «Tanasote® est adapté à la protection des bois industriels tels que les traverses de chemin de fer, les poteaux électriques et les bois d’aménagement paysager où une durée de vie prolongée au-delà de 30 ans est nécessaire. L’efficacité de Tanasote® a été testée par des laboratoires indépendants et des données terrain avec nos partenaires partout en Europe », indique Christophe Perrault.

L’utilisation de la Tanasote suppose des installations adaptées par rapport aux autres techniques de traitement. « Nous venons assister nos clients. Notre service d’ingénierie les aide à concevoir de nouvelles unités de production ou à adapter le parc existant. » La mise au point de la Tanasote a par ailleurs nécessité beaucoup d’études et d’ajustements, de dialogue avec les autorités, pour être en conformité avec la réglementation des produits biocides. « Les cahiers de charges sont parfois longs de 1 000 pages, les règlementations évoluent sans cesse », ajoute Christophe Perrault.