INDUSTRIE ● NÉGOCE ● CONSTRUCTION

Filière

Les professionnels du bois étaient réunis à Rouen

Les 27 et 28 avril, les professionnels du bois étaient réunis à Rouen (Seine-Maritime) pour assister à l’assemblée générale annuelle de l’Union des Métiers du Bois de la Fédération Française du Bâtiment (UMB-FFB). L’occasion pour les nombreux participants de s’informer sur les dernières avancées et actualités de la filière. Compte-rendu.

Pour cette assemblée générale normande consacrée aux métiers du bois, la FFB a accueilli plus d’une centaine de participants venus de toute la France. Des professionnels de la charpente, de la construction bois, de la menuiserie ou de l’agencement qui ont eu la chance de découvrir Rouen et son patrimoine (visite de l’aître Saint Maclou et de l’abbatiale Saint-Ouen) avant d’entrer dans le vif du sujet lors des différentes commissions techniques suivies, le lendemain matin, de ladite assemblée générale. « Si 2023 s’annonçait de prime abord plus paisible après deux années mouvementées, la guerre en Ukraine, la baisse de la demande mondiale en bois d’œuvre ou l’augmentation des prix du gaz et de l’électricité qui impactent les professionnels laissent entendre que l’accalmie espérée est déjà terminée », lance en guise d’introduction Thierry Ducros, président de l’UMB-FFB. En effet, alors que certains indicateurs reviennent au vert, à l’image de la stabilisation des prix du bois, cette nouvelle année s’annonce encore incertaine pour la filière entre les problèmes de recrutements et de trésoreries toujours aussi présents, les banques de plus en plus difficiles à convaincre pour accompagner les entreprises en difficultés, un marché en berne dans le secteur de la construction de logements, ou l’entrée en vigueur compliquée de la REP Bâtiment avec plusieurs zones de flou qui subsistent.

Risque de crise

Mais 2023 réserve aussi son lot de nouveautés et d’annonces, notamment gouvernementales, à l’image de la mise en place, le 26 janvier dernier, de l’Observatoire du prix des matériaux, piloté par l’Insee. Une initiative, dévoilée par Bruno Lemaire fin 2022, à l’occasion des 24 heures du Bâtiment de la FFB, «qui va dans le bon sens mais qui n’est pas suffisante», selon Thierry Ducros, qui demande «davantage de contrôles auprès des industriels et des distributeurs pour que cette mesure soit vraiment efficace». Décidément très prolixe, le ministère de l’Économie garantissait également il y a quelques semaines le plafonnement du prix de l’électricité pour les TPE jusqu’en 2025. Un bouclier tarifaire, instauré depuis 2021, plus que nécessaire pour protéger les plus petites entreprises de la filière qui ont de plus en plus de mal à faire face à l’augmentation des coûts, et surtout à sa répercussion sur leur prix finaux. «En 2022, il y a eu 42000 défaillances d’entreprises dans le BTP, soit50 % de plus qu’en 2021, rappelle le président de l’UMB. Les carnets de commandes sont bien remplis, mais les problèmes de trésoreries liés aux retards de paiements augmentent. La construction neuve connaît une situation difficile. C’est d’ailleurs la première fois depuis plus de 20 ans que les objectifs fixés par le Gouvernement ne sont pas atteints ! Avec à la clé, un vrai risque de crise dans le secteur du bâtiment. Si nous ne faisons pas passer ce message rapidement, le Gouvernement risque de tuer la poule aux œufs d’or», conclut-il, pragmatique.

La commission Charpente construction bois sur tous les fronts…

Après cette entrée en matière conjoncturelle, place à la restitution des commissions techniques et à la présentation des travaux réalisés en charpente, menuiserie et agencement aux cours des 12  derniers mois. Concernant la charpente tout d’abord, les actualités ne manquent pas entre le chantier de restauration de la cathédrale NotreDame-de-Paris [les participants de l’assemblée générale ont d’ailleurs eu la chance de visiter les ateliers de MDB en charge de la restauration d’une partie des charpentes du XIXe ] ; la sécurité incendie ; les révisions normatives, les programmes de recherches  ; la mise à jour des FDES et du catalogue Bois Construction ou la création d’un futur texte dédié au CLT. Autant de sujets qui n’ont pas manqué d’attirer plus de 65  participants lors de la commission du jeudi après-midi, un record ! Au sujet de la normalisation, le NF DTU 31.2 pourrait prochainement recevoir un amendement qui prévoit l’introduction de la fibre de bois, sachant que pour l’instant seules les laines de verre et de roche sont autorisées. Seul écueil, la capacité de la fibre de bois semi-rigide à ne pas absorber d’eau en cas de mise en œuvre en extérieur ou sur le chantier. Normalisation toujours avec un projet de NF  DTU consacré au CLT. La rédaction du futur texte est actuellement en cours avec un sommaire s’inspirant du NF DTU 31.2 et de nombreuses demandes à prendre en considération  : intégration des CLT nervurés et des supports de couverture ; ne pas limiter à 28 mètres le NF  DTU  ; prise en compte des supports de toitures végétalisées et des supports de toitures-terrasses accessibles aux piétons  ; intégration des murs en CLT préfabriqués…

… et en particulier sur celui de la sécurité incendie

Autre sujet d’actualité, l’évolution des normes relatives à la sécurité incendie avec la présentation de certaines orientations de la future réglementation pour les ERP, confiée à la Direction générale de la Sécurité civile et de la gestion des crises (DGSCGC). Voici quelques-uns des principes annoncés dans le texte qui pourrait entrer en vigueur d’ici la fin de l’année : renforcement de l’isolement par rapport au tiers ; critères de protection (250°C derrière l’écran de protection, durée de résistance au feu modifié, intégrité des protections au feu…)  ; pour les bâtiments d’une hauteur  >  8  m ou les locaux à sommeil  : bois structural protégé (parois, planchers) + parois CO24 et CO25 protégées + parois bois apparent/local ; pour les bâtiments d’une hauteur  ≤  8  m  : parois circulations verticales et horizontales protégées  ; pour les façades de bâtiments  >  8  m  : classement A2-s3,d0 de tous les composants de la façade ; pour les éléments rapportés à la façade : classement B-s3,d0 ; pour les balcons, loggias et terrasses Stabilité au Feu = SF du bâtiment ; pour les bâtiments d’une hauteur > 18 m : colonnes sèches. Parmi les autres thématiques évoquées lors de cette commission technique, les résultats d’un PRDM (programme recherche développement métiers) autour du bois massif empilé, qui dispose pour l’instant de règles professionnelles non validées par la C2P alors que cette technique constructive pourrait s’avérer intéressante au regard de certains des objectifs de la RE2020 : prioriser la sobriété énergétique et la décarbonation de l’énergie  ; diminuer l’impact carbone de la construction des bâtiments ; garantir la fraîcheur en cas de fortes chaleurs.

La commission menuiserie extérieure – enveloppe entre révisions normatives…

Également très chargée, l’actualité de la commission Menuiserie exté- rieure – Enveloppe a passé en revue un grand nombre de sujets en lien avec la normalisation, la réglementation (REP Bâtiment, poussières de bois, RPC…), les projets R&D en cours ou achevés du Codifab (site DE-Bois, collage du bois THT, FDES mixtes…) ou de la Fédération, sans oublier les travaux de Fenêtres Bois 21 et un retour sur le dernier voyage d’études en Italie (voir l’article dans BOISmag n°212). Concernant la normalisation, de nombreux textes sont actuellement en révision à l’image du NF DTU 41.2 dont le futur texte devrait intégrer les panneaux composites (avant projet en cours de rédaction par FCBA) ou du NF DTU 36.5 dont la révision devrait courir jusqu’à fin 2023 pour une mise à l’enquête à l’horizon 2024. D’ici là, plusieurs points de discorde subsistent au sujet des tolérances sur l’alignement des baies ou de la frontière entre grand ensemble et façade légère… À suivre. Autre sujet d’actualité pour la FFB, les poussières de bois avec la révision du décret sur les poussières totales non- dangereuses. La Fédération s’est sai- sie du dossier en collaboration avec l’OPPBTP afin de pouvoir déroger à l’obligation de réaliser des mesures annuelles jugées superflues.

… et projets d’avenir

En marge des actualités normatives et réglementaires, la commission MEE a aussi collaboré à plusieurs projets de R&D en partenariat avec le Codifab. Parmi les travaux finalisés, on peut citer l’étude bibliographique anti- bleu (disponible en intégralité sur le site du Codifab) dont les conclu- sions sont les suivantes : les surfaces de bois non protégées par un produit de finition sont toutes sensibles aux champignons de bleuissement, ceux- ci contribuant à la couleur grise carac- téristique du vieillissement du bois nu exposé aux intempéries ; les sur- faces de bois recouvertes de finition peuvent être colonisées par ces cham- pignons. Leur développement sur la finition est possible même si celle-ci est appliquée sur un bois ayant reçu au préalable un traitement de préservation contenant un fongicide anti- bleu ; il est possible d’agir sur d’autres paramètres que les biocides pour en limiter la croissance. La pigmentation de la finition influence le développement des champignons de bleuisse- ment par l’effet induit sur l’humidité de surface. La conception des composants bois, la rugosité de la surface sont d’autres paramètres sur lesquels il est possible d’agir pour limiter la colonisation. R&D toujours avec l’actualisation du site de personnalisation des FDES collectives DEbois, qui bénéficie d’une nouvelle interface facilitant les démarches à effectuer. Sachant que de futurs développements viendront bientôt enrichir le site avec de nouvelles familles de produits et de nouvelles fonctionnalités… Au niveau des projets en cours, on peut enfin noter un travail du Codifab sur l’aptitude au collage des carrelets de fenêtres avec des bois THT. Un travail qui permet- tra notamment d’identifier des solutions techniques de carrelets LCA mixtes réalisés à partir de bois THT (feuillus français) et de bois massif (feuillus ou résineux). 

La commission menuiserie intérieure – agencement : un nouveau texte pour les parquets collés…

À l’instar des deux commissions précédentes, les professionnels de la menuiserie intérieure et de l’agencement n’ont pas chômé ces derniers mois entre le lancement du label Agencement 21 ; la publication de –très–nombreux guides techniques en collaboration avec plu- sieurs organismes de la filière (Guide douche zéro ressaut sur plancher bois, Guide incendie revêtement bois, Carnets de chantier sur l’accessibilité PMR, Guide déchets, Guide ré-emploi, Guide panneaux…) ; le déploiement, les modalités et le fonctionnement de la REP ou les avancées normatives avec la sortie prochaine d’une nouvelle version du NF DTU 36.2. Un nouveau texte, rebaptisé Menuiseries intérieures agencement bois et matériaux associés qui, comme son nom l’indique, devrait intégrer de nouveaux ouvrages dont le lambris à claire-voie, le mobilier d’agencement, les cloisons de distribution (sous-tenture), ainsi que de nouvelles annexes comme le classe- ment visuel des bois, le classement des locaux selon l’humidité et des fiches de maintenance – entretien. Normalisation toujours avec la sortie au mois de mars du NF DTU révisé consacré aux parquets collés (51.2) qui comprend plusieurs nouveautés dont une mise à jour des normes produits et des normes d’essais ; l’introduction de la mise en service des locaux avec des délais minimaux après la mise en œuvre du parquet pour stabiliser l’ouvrage ; ou la rédaction d’une annexe normative sur le maintien des conditions de service des locaux jusqu’à la réception des travaux avec des points de contrôles imposés au maître d’ouvrage concernant la ventilation, l’hygrométrie ou la température. Sans oublier la publication imminente après 15 ans de tra- vaux de la norme sur les garde-corps NF P 01-012 datant de 1988 et qui est d’application règlementaire. … et des audits passés avec succès Après cette entrée en matière consacrée aux évolutions des règles de l’art et nouveautés règlementaires, la commission a réalisé un focus sur plusieurs études en cours ou finalisées, dont l’étude sur la glissance des parquets, chapeautée par FCBA et le Codifab, dont l’objectif est de produire un guide à destination des professionnels qui validerait les solutions techniques édictées dans cette norme. Pour rappel, la norme NF P05-011 «revêtements de sol- Classement des locaux en fonction de leur résistance à la glissance» donne plusieurs seuils de glissance en fonction des différents types d’activités dans un local considéré, et fixe un classement des locaux en fonction de leur résistance à la glissance. De plus en plus employée dans les marchés publics, elle guide également les professionnels dans le choix de revêtement de sol. Autre projet présenté, les essais génériques garde-corps escaliers et mezzanines (programme CEBTP/PRDM) dont l’objectif est de fournir des rapports d’essais sur 10 ouvrages courants de garde-corps fabriqués selon la NF P01- 012, et testés selon la NF P01-013. Également à l’ordre du jour, un retour sur le lancement réussi de la charte Agencement 21 (voir l’article dans BOISmag n°208) et la réalisation de deux audits auprès des premiers membres : chez Atec fin janvier 2023 puis chez Dauphine Menuiserie au mois d’avril. Sachant que d’autres audits sont d’ores et déjà programmés pour le deuxième semestre 2023. En cours d’intégration au site internet des chartes 21 – www.chartes21.fr – le dernier né des labels de qualité 21 mise aujourd’hui beaucoup sur la communication multicanal pour se faire connaître auprès du plus grand nombre, et fédérer un maximum d’entreprises adhérentes. Rendez-vous l’année prochaine lors d’une assemblée générale montpelliéraine pour dresser le bilan des futures adhésions ainsi que de toutes les actions de l’Union…