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Innovations et optimisme au rendez-vous de la Ligna

Du 15 au 19 mai, la Ligna a fait le plein d’exposants et de visiteurs à Hanovre. Très attendue après l’annulation de l’édition 2021 en raison de la crise sanitaire, cette manifestation a, semble-t-il, comblé les attentes des exposants et des visiteurs, notamment côté français. BOISmag vous propose de passer en revue quelques-unes des innovations pour la 1re transformation du bois présentées dans les allées, et de dresser un rapide bilan du salon et du secteur avec les professionnels. Reportage.

LBL-Brenta, l’acteur majeur de la première transformation présent à la Ligna

Acteur majeur de la 1re transformation du bois, LBL-Brenta, avec ses compétences reconnues en scie de tête à ruban (chariots Spider inclinés) avait pourtant choisi de présenter la CDR 250, un centre de reprise mono ou double arbre précédé d’un canter. Cette machine acquise par Les Bois ariégeois (groupe Monnet-Sève) est dotée de six axes mobiles avec positionnement par vis à billes et servomoteurs. Il permettra de reprendre en sortie de scie à grumes planches, plateaux et noyaux de 17 à 250 mm. Sur le stand, Monsieur Lauriot, directeur général du constructeur de Chauffailles (77), s’est en outre montré très satisfait de l’affluence et de la qualité des contacts français et internationaux du salon.

Lors de la Ligna, il était possible de découvrir les nouvelles machines de SGM Industry

À quelques stands de là, messieurs Le Gal et Marinho, cogérants de SGM Industry, présentaient deux machines destinées à la préparation des grumes : un double réducteur de pattes, utilisable quelle que soit l’orientation du fin bout ; et une écorceuse à rotor, capable de passer

Le groupe Finega a proposé des nouvelles écorceuses avec une nouvelle technologie à la Ligna

Le groupe Finega, dirigé par Michel Loyet, avait choisi de mettre en avant une écorceuse Segem dotée d’une interface sur sa plateforme Osia. L’approche de la scierie 4.0 est basée sur des interactions possibles simplement, et une liberté de configuration. L’informatique s’oriente ainsi vers un passage en «open source», avec des enrichissements permanents par les utilisateurs. Au total, Finega a livré huit scieries 4.0 en France, dont Approbois en Bretagne, et dans le monde : Italie, Hongrie, Allemagne (chez le géant du hêtre Pollmeier). Le constructeur intégrant plusieurs savoir-faire français est particulièrement attentif aux économies de consommations électriques avec, chez son client italien, une ligne rubantwin pour gros bois ayant 2×90 kW installés (lames ruban au carbure avec une tenue de coupe donnée pour 800 m3 , soit l’équivalent d’une semaine à hauteur de 100-150m3 par jour), contre une puissance de 300 à 350 kW qui serait selon lui requise en sciages circulaires. En marge du salon, le conflit russo-ukrainien a eu des incidences sur les marchés de Finega qui, suite à l’embargo, a été contraint de fermer son bureau en Russie. Par ailleurs, ichel Loyet constate que la part du marché français par rapport à l’international (préalablement de 30/70%) s’est inversée depuis la crise sanitaire. Cependant, la Ligna reste un carrefour mondial de grande ampleur avec, notamment, la venue annoncée de professionnels australiens pour du sciage d’eucalyptus ou encore de Tasmanie pour du pin radiata. des billons de 80 mm. Ce double équipement sera exporté vers l’Italie, au nord du lac de Garde chez Eurolegnami, un client scieur et fabricant de palettes. Avec son effectif total de 34 salariés, la PME aquitaine a profité du salon pour rencontrer ses clients français et de consolider ses relations avec ses prospects européens.

Le constructeur allemend Holtec a imposé sa présence à la ligne à l’aide d’un engin de manutention de grume sur un portique

Au centre du hall 25, le constructeur allemand Holtec avait érigé un impressionnant engin de manutention de grumes sur un portique. Ce matériel sera destiné à une scierie belge implantée près de Virton et appartenant au groupe François (holding dirigée par Bernard et son fils Ulrike). Située à quelques kilomètres de la frontière française, l’entreprise mettra en service début 2024 une nouvelle unité intégrant notamment une ligne ruban EWD et le fameux engin de manutention Holtec. Pour rappel le groupe Holtec compte au total 380 employés. En France, il est dirigé commercialement par Marco Heyen, qui se montrait très satisfait du salon avec la venue de nombreux clients français. Si une majorité de grandes entités a fait le déplacement en début de semaine (Neofor, Ducret, Gastebois, Siat, LBSA…), les plus petites entreprises ont davantage mis à profit les jeudis et vendredis de l’Ascension pour se rendre à Hanovre.

UNSR a décidé de s’imposer avec un stand sur deux niveaux à la Ligna

USNR a affirmé une présence imposante avec un stand sur deux niveaux, un ensemble de sciage ruban Quattro et également deux corners «qualification des bois ronds» et «affutage» avec l’entité Burton. Cette dernière intègre les matériels américains Amstrong et les équipements de tensionnage-plannage de lames rubans du constructeur suisse Oppliger. Sur la partie sciage, M. Tischmacher nous présentait le Logmaster HPS avec 4 bâtis de 180. Cet équipement s’affirmant comme la scie à ruban la plus rapide avec des vitesses d’avance entre 60 et 180 m/min. Elle est aussi en capacité de traiter les bois courbes avec ses rouleaux-presseurs indépendants et digitalisés. Cet ensemble est destiné à la scierie suédoise Ingarp détenue par Nicklas Gerhardsson. Aujourd’hui, le marché européen est un enjeu important pour USNR, qui compte plus de 2000 collaborateurs à travers le monde.

Cette année, le pôle d’exposant finlandais n’était pas à louper à la Ligna

Un pôle d’exposants finlandais, comprenant notamment Veisto, Valon-Kone, Finnso Bois et Jartek, présentait également ses nouveautés mises en avant par l’agent français de Finnso Bois. Ces dernières portaient notamment sur la ligne de sciage Hew Saw SL 250 5.5. Son module DX permet de scier des plateaux de 200 mm d’épaisseur à une vitesse d’avance de 200 m/min, en décomposant le sciage en deux phases. En amont, pour la préparation des grumes, Valon Kone dévoilait sa nouvelle gamme d’écorceuses pour un usage intensif (série 9000). Tandis que Finnso Bois proposait ses nouveaux trieurs de sciages, avec pas moins de 19 exemplaires en commande en l’espace de 15 mois, dont un destiné au marché français pour le classement des planches en transversal. De manière générale, Christian Lallia et Vincent Plante, gérant et chargé d’affaires chez Finnso Bois, ont constaté une importante fréquentation française lors du salon, avec un grand nombre de projets concrets. Sachant que les préoccupations des industriels concernaient essentiellement l’augmentation de la production, les économies de matière et l’optimisation des rendements, l’automatisation des lignes de production, le développement des lignes de seconde transformation ou les économies d’énergie assorties à de fortes demandes de solutions de cogénération. • Concernant le triage des sciages, Hans Haist de la société Kallfass nous confiait tout l’intérêt qu’il porte à la France, et à ce marché pour lequel Jonathan Bleesz (VBI) assure le relais commercial. Plusieurs clients et prospects français étaient attendus sur le stand, où un robot présentait l’alimentation de liteaux dans des magasins d’empileurs auto- matiques. Kallfass présentait aussi un modèle de presse CLT, dans un contexte de pleine expansion de ces bois collés sur les marchés allemands et autrichiens. Le dirigeant se mon- trait très enthousiaste par rapport à la conjoncture actuelle, et à son carnet de commandes. Même si la cible principale du Groupe reste le sciage de bois résineux, Kallfass et VBI travaillent actuellement sur une problématique de manutention de sciages feuillus avec une grosse entreprise rhône-alpine.

L’entreprise français Joulin a pu se démarquer sur le marché du rayonnage industriel à la Ligna

Côté manutention, l’entreprise française Joulin installée dans le Hall 27 présentait entre autres le Speed Stacker : une machine dédiée à l’empilage/dépilage et au triage des planches et poutres. Cet empileur très dynamique a suscité l’attrait de clients potentiels en visite au salon, issus aussi bien de la 1re transformation (pour empilage/triage derrière une scie à ruban), que de la 2e transformation (pour alimentation de centres d’usinage en poutre unitaire). Pour Bernard Foucke, responsable commercial de l’entreprise française fêtant ses 60 ans, «l’affluence a été très similaire à celle des dernières éditions, avant crise du Covid». Il se félicite d’ailleurs d’un regain d’intérêt significatif de la part des visiteurs concernant les solutions de manutention. Un intérêt peu surprenant lorsque l’on connaît les difficultés de recrutement de personnel sur les postes faisant appel à de la manutention de charges. Concernant la fréquentation, les visiteurs du stand se répartissaient à parts égales entre germanophones, francophones, et autres. Pour ces derniers, Joulin constate une recrudescence de visiteurs nord-américains, pour lesquels la conjoncture est actuellement très dynamique. Enfin, les professionnels présents sur le stand étaient majoritairement optimistes concernant la conjoncture actuelle et à venir, avec une industrie du bois globalement en croissance au niveau mondial. De manière générale, cette édition de la Ligna plutôt réussie et riche d’innovations nous ouvre donc des perspectives réjouissantes pour les utilisations du bois et les différents acteurs de sa transformation. Toutefois, les producteurs, et surtout les consommateurs finaux, devront s’accoutumer à certaines volatilités tarifaires et à des instabilités entre offre et demande. Ces aléas, souvent trimestriels et fortement marqués, ont rarement été observés jusqu’alors. Enfin, nous restons dépendants d’une ressource forestière mettant des dizaines, voire des centaines d’années, avant d’être mobilisable, et désormais exposée à des fluctuations intenses et des échanges mondialisés.