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Le label Bois de France cherchera toujours à promouvoir le bois français là où il a sa place

Jérôme Martinez, responsable du label Bois de France

Lancé en janvier 2020 à l’initiative de professionnels de la Fédération Nationale du Bois (FNB), le label Bois de France poursuit son développement dans l’Hexagone. Trois ans après sa création, BOISmag vous propose de faire le point sur ses ambitions, ses adhérents ou ses futurs projets avec son responsable, Jérôme Martinez. Interview.

Pouvez-vous nous représenter brièvement le Label Bois de France ?

La naissance de ce label vient à l’origine de la volonté des adhérents de la FNB d’identifier clairement l’origine des bois. Les produits labélisés Bois de France doivent être issus de la forêt française et transformés en France. Le label a été lancé officiellement en janvier 2020 à l’intention des professionnels de la filière : entreprises proposant des sciages, des produits de construction (CLT, lamellé-collé, BMA, BMR…), des granulés de bois, des panneaux de contreplaqué, des produits d’emballage ou des produits d’ameublement. Sachant qu’il s’obtient après des audits réguliers, réalisés par un organisme certificateur indépendant.

Quel est l’objectif de ce label ?

Son objectif principal est de valoriser la ressource forestière française et le savoir-faire des professionnels de la transformation du bois. Le tout, en contribuant positivement à la réduction de l’empreinte carbone de la construction, et au maintien des emplois locaux. Pour cela, le label s’appuie sur un référentiel, issu d’un travail regroupant des professionnels, des organismes de la filière bois et des organismes certificateurs, qui offre l’assurance d’un bois produit et transformé en France.

Pouvez-vous nous en dire davantage sur le contenu de ce référentiel ?

Notre référentiel prévoit notamment que les bois soient issus de forêts françaises gérées durablement ; que leur transformation se fasse à proximité de leur lieu de récolte, sur le territoire national, afin de limiter les transports et les émissions de GES. Grâce à un référentiel de traçabilité, et à des audits réalisés annuellement, le label garantit qu’un produit fini, identifié Bois de France, contienne du bois des forêts françaises et une transformation réalisée à 100% en France.

Combien d’entreprises fédérez-vous aujourd’hui ?

Bois de France fédère aujourd’hui 175 entreprises, contre 40 en juillet 2020. Ce chiffre représente une belle progression et témoigne de la volonté des professionnels de s’engager collectivement pour garantir la pérennité de la filière bois française. Actuellement, nos adhérentes couvrent d’ailleurs une grande diversité de métiers  : entreprises souhaitant valoriser leurs produits, maîtres d’ouvrage ou maîtres d’œuvre souhaitant mettre en avant des projets intégrant du bois français, organismes souhaitant s’engager dans la promotion du label… Le label rassemble désormais l’ensemble des parties prenantes de la filière française avec des transformateurs (scieurs, fabricants de produits d’aménagement intérieur et extérieur, secteur du bois énergie…), des constructeurs ou des distributeurs… Sachant qu’on note cette année de nombreuses adhésions de scieurs de feuillus, qui représentent une part importante de la ressource française.

Comment les professionnels de la filière désireux de franchir le pas peuvent-ils s’engager dans le label ?

Il existe deux façons de s’engager dans le label Bois de France. La première est la labellisation des produits bois, issus des entreprises, ou des projets en bois, comme le supermarché Lidl d’Epinal (88) qui fut le premier bâtiment labellisé. Cela s’adresse aux transformateurs, aux négoces ou aux porteurs de projet. La seconde est le partenariat. C’est le cas d’acteurs comme IBC (Ingénierie Construction Bois) ou Urbain des Bois (qui ont récemment rejoint le label en s’engageant à favoriser l’utilisation de Bois de France dans les projets de construction.

Quelles actions de communication menez-vous pour accroître sa visibilité ?

Nous participons depuis la création du label à plusieurs salons et événements. Cette année, nous étions par exemple présents au Forum Bois Construction de Lille, qui s’est déroulé du 12 au 14 avril, sur un stand partagé avec la FNB et ouvert sur le stand voisin de France Douglas. Ce rendez-vous nous a permis de nouer de nombreux échanges riches et constructifs avec un premier constat : la demande grandissante du marché pour le bois français. Plusieurs discussions avec des architectes et des donneurs d’ordres notamment, ont ainsi témoigné de la sensibilité de l’ensemble des acteurs de la construction à la promotion du bois issus de nos forêts. En fin d’année, nous prévoyons aussi de participer au SIMI, qui se déroulera du 12 au 14  décembre à Paris. Ce rendez-vous de référence des acteurs de l’immobilier sera pour nous l’occasion de promouvoir le bois français auprès de ces acteurs, qui se tournent de plus en plus vers notre matériau depuis la mise en application de la RE2020.

En plus de votre participation à ces différentes manifestations, quels sont vos projets pour les mois à venir ?

Parmi les projets en cours pour 2023, nous souhaitons travailler sur notre référentiel afin de nous adapter encore mieux au monde de la construction, et d’être au plus près du fonctionnement des entreprises, sans compromis sur les garanties offertes par le label. Autre projet majeur, la création d’une plateforme de mise en relation entre les entreprises de la filière et les maîtres d’ouvrage. Cet outil, qui devrait être opérationnel d’ici la fin de l’année, sera ouvert à l’ensemble des acteurs de la filière, qu’ils soient engagés ou non dans la démarche Bois de France. Il s’agit d’un projet ambitieux, qui vient illustrer la volonté du label de contribuer au développement et à la pérennité de la filière française du bois.

Comment vous organisez-vous justement pour mener à bien tous ces projets ?

Pour soutenir notre développement, nous avons étoffé notre équipe en 2022. Désormais Céline Barbier, basée à Lyon, et Anthony Marcadier, installé à Bordeaux, s’occupent du développement du label dans l’est et l’ouest de la France. Étant moi-même basé à Nancy, nous commençons aujourd’hui à disposer d’un bon maillage territorial qui démontre le souhait du label de proposer un accompagnement au plus près des acteurs de la filière et de leurs marchés. Avec cette nouvelle équipe, nous ambitionnons de dépasser d’ici la fin de l’année la barre des 200 entreprises.

Qu’en est-il de l’utilisation de bois labellisés Bois de France dans les chantiers des JO et de Notre-Dame de Paris ?

Les premiers bilans des chantiers des JO laissent entrevoir un taux de bois français supérieur aux 30% minimum qui étaient demandés. Mais lors du lancement des marchés, le label n’était pas encore suffisamment structuré. La demande a donc été « bois français » et non Bois de France. Pour Notre-Dame, tous les bois utilisés viennent de forêts françaises, avec une traçabilité spécifique à ce projet particulier.

Vous évoquiez lors de notre précédente interview un possible rapprochement avec des initiatives locales comme Bois des Alpes ou Bois des Territoires du Massif central. Est-ce toujours d’actualité ?

En septembre 2021, nous avons signé un partenariat avec Bois des Territoires du Massif central. Nous nous sommes également réunis il y a environ un an avec Bois des Alpes pour faire de même, mais ils ont quelques changements dans leur équipe salariée, entraînant un retard de ce dossier. Nous le finaliserons dès que la situation sera stabilisée.

Qu’en sera t-il du label BOIS de France dans les années à venir ?

Une crise économique arrive. Le label peut être un atout pour les entreprises françaises pour amortir les effets de cette crise, si les marchés s’orientent vers le bois français. C’est notre objectif (avec la plateforme, notre communication, etc.). L’empreinte carbone va devenir un critère de plus en plus important dans la construction, mais aussi sur les autres produits. Le bois français travaillé en circuit court sera aussi une réponse à cela.

Avez-vous un message pour les lecteurs de BOISmag ?

Notre slogan « Faire équipe ! » n’a jamais été autant d’actualité. L’époque est décisive pour la filière bois, tout n’est pas gagné mais certains signaux permettent d’entrevoir un avenir plus serein. Les entreprises engagées dans le label ont les cartes en mains pour confirmer cette tendance. L’équipe Bois de France continuera de les accompagner au plus près, et cherchera toujours à promouvoir le bois français là où il a sa place.