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De plus en plus d’acteurs expriment le besoin d’avoir des garanties sur l’origine des bois

Entre la révision de ses standards, le développement de l’offre et de la demande en produits certifiés, le contexte géopolitique incertain et la croissance annoncée de la construction bois, la certification PEFC est sur tous les fronts. L’ L’occasion de faire le point sur ses actions et ses ambitions avec Paul-Emmanuel Huet, directeur exécutif de PEFC France. Interview.

Comment la certification PEFC se porte-t-elle ?
Notre certification se porte très bien. Aujourd’hui, PEFC France compte 5,6 millions d’hectares de forêts certifiés sur le territoire métropolitain, auxquels s’ajoutent 2,4 millions d’hectares en Guyane. Au niveau des adhésions, la tendance
est toujours à la croissance, même si cette dernière est plus modérée qu’il y a 15 ans au vu du nombre d’entreprises et d’hectares de forêts déjà certifiés. À titre d’exemple, 86 % des entreprises françaises exposantes au Carrefour International du Bois de Nantes sont certifiées PEFC. Ce qui atteste bien de l’implantation et de l’utilité de notre certification.

Outre le développement de la certification, sur quoi porteront vos prochains objectifs ?
Nous travaillons aujourd’hui sur deux grands axes : valoriser l’engagement de nos entreprises certifiées tous secteurs confondus au travers de produits qu’elles peuvent vendre, autrement dit, développer la demande par la mise en place d’actions concrètes ; et oeuvrer pour développer l’offre en augmentant les surfaces certifiées. Pour mener à bien ces actions, PEFC France dispose d’une équipe de six personnesen mesure d’accompagner les acteurs de la chaîne de certification, du propriétaire forestier au consommateur. Nous travaillons de concert avec les antennes PEFC dans chaque région qui mettent en oeuvre et déploient au quotidien la certification de gestion forestière auprès des
propriétaires et exploitants forestiers. Toujours dans cette optique, nous avons également créé un showroom en début d’année afin de mettre en valeur la diversité des produits certifiés PEFC. L’idée dans les mois qui viennent étant bien sûr d’enrichir cette vitrine afin de présenter tous les différents types de produits présents sur le marché français.

Concernant justement les différents acteurs de la chaîne de certification, certains secteurs sont-ils plus dynamiques que d’autres ?
Effectivement. Il y a une dizaine d’années, nous avons beaucoup travaillé avec le secteur de l’imprimerie qui était confronté à une demande croissante de garanties de la part des prescripteurs en bout de chaîne. Aujourd’hui, la certification de gestion durable est quasiment considérée comme un prérequis dans ce secteur ; la très grande majorité des acteurs sont désormais certifiés. De nouveaux secteurs émergent depuis quelques années, à l’image de l’emballage ou du mobilier, qui sont de plus en plus confrontés à ces aspects de gestion durable de forêt et des garanties associées ; mais il y a également et surtout le secteur de la construction qui connaît un fort développement depuis deux à trois ans, tiré par un marché très porteur, et désormais la RE2020 qui crée un effet d’entraînement.
Aujourd’hui, de plus en plus d’acteurs voient en effet leurs volumes d’approvisionnements en bois augmenter, et expriment le besoin de disposer de garanties sur l’origine des bois.

Comment accompagnez-vous cette hausse de la demande pour le secteur de la construction ?
Pour accompagner cette tendance à construire plus en bois, et notamment en bois certifié, nous travaillons à différentes échelles :
– À l’échelle des entreprises : charpentiers, fabricants de lamellé-collé, de produits d’ingénierie qui doivent répondre à des demandes croissantes de garanties de la part des maîtres d’ouvrage
– À l’échelle des prescripteurs : collectivités, régions, métropoles, pour les inciter à inclure la certification dans leurs appels d’offres
– À l’échelle plus institutionnelle, nous coconstruisons des actions filière : avec France Bois 2024 en vue de mettre en place de nouveaux outils pour les JO de Paris, également avec Fibois en tant que partenaire du Pacte Bois Biosourcé en train de se déployer dans différentes régions après l’Ile-de-France et le Grand Est, et enfin avec des fédérations à l’image du travail en commun initié avec l’UICB.

Comme tous les cinq ans, une révision de vos standards va bientôt avoir lieu. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur les évolutions à venir ?
La révision de nos standards de gestion forestière est en effet en cours et nous espérons pouvoir aboutir d’ici la fin de l’année. Même s’il est encore trop tôt pour en dévoiler le contenu, cette révision menée par un Forum composé d’une
centaine d’acteurs porte sur les grands enjeux de demain : Comment prendre en compte le changement climatique dans notre norme avec toujours moins de certitudes qu’avant
sur un certain nombre de pratiques ? Quelle évolution de la perception des coupes de bois à l’heure ou de plus en plus de français s’intéressent à ce sujet ?…

Au regard du contexte géopolitique actuel, qu’en est-il de vos activités dans l’Est de l’Europe ?
Début mars, soit quelques jours seulement après le début du conflit en Ukraine, PEFC International a pris la décision que tous les bois issus de Russie et de Biélorussie étaient considérés comme bois de conflit et que, comme tous les bois controversés, ils ne pouvaient plus être intégrés à la chaîne de traçabilité d’une entreprise certifiée. Concernant les bois ukrainiens, les bois situés en zones occupées par la Russie sont également considérés comme des bois controversés, et ne peuvent donc plus être importés. Cette décision a été prise pour une durée de six mois, et sera donc à réévaluer en fonction de l’évolution du conflit. L’Ukraine est un des pays membres de PEFC.

Adèle Cazier