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FNB : vers une interprofession unique et unifiée ?

Le 9 décembre, les professionnels de la forêt et du bois étaient réunis à Paris, au pied de la Tour Eiffel, pour assister à l’assemblée générale de la Fédération Nationale du Bois (FNB). Entre crise énergétique, guerre en Ukraine, baisse de l’activité et du prix des résineux, et incertitudes quant à l’année 2023, l’amont de la filière est en plein atterrissage après deux années euphoriques post-Covid. Si esquisser quelques prédictions pour les prochains mois s’avère aujourd’hui un exercice compliqué, les actions de la Fedération nationale ne manquent pas pour assurer un bel avenir à notre matériau.

 

Pour cette première assemblée générale depuis la pandémie, le président de la Fédération, Jaques Ducerf, a souhaité organiser une réunion « publique et informative », en lien avec les interrogations actuelles de l’amont de la filière. Exit donc la partie privée, réservée aux adhérents (qui s’est déroulée quelques mois plus tôt), et place aux échanges et à la convivialité pour les nombreux professionnels présents dans la salle. Seul bémol à ce moment de partage, l’absence du ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, Marc Fesneau. Retenu par d’autres obligations, ce dernier a tout de même pris le temps d’enregistrer une vidéo à l’attention des professionnels de la forêt et du bois autour de points d’actualité soulevés par le président Jacques Ducerf : le renouvellement de l’accord sur le chêne et l’approvisionnement des scieries, et le coût de l’énergie. « Concernant l’accord sur le chêne, l’État doit être exemplaire, assure le ministre. Les contrats passés entre l’État/ONF ont pour objectif d’atteindre 75 % de bois contractualisés en forêts domaniales. Sachant qu’en forêts privées, le nombre de contrats est aussi à la hausse. On est donc sur la bonne voie, explique-t-il. Début 2023, une réunion avec les signataires de l’accord sur la filière chêne est prévue pour dresser un bilan de l’accord conclu en février 2022 et peut-être poursuivre ce contrat… ». Autre sujet brûlant, les difficultés rencontrées par bon nombre d’entreprises – de et en dehors de la filière –, en lien avec l’augmentation du coût de l’énergie. Un sujet pour lequel le ministre se veut rassurant, affirmant ainsi que les professionnels peuvent « compter sur les engagements du Gouvernement et sur les aides déjà mises en place ». Il insiste aussi sur le fait que la guerre, qui sévit actuellement en Ukraine, confirme le « besoin » de notre pays « de regagner en souveraineté industrielle et alimentaire ».

 

Après une année 2022 exceptionnelle pour le chêne comme pour le hêtre, la situation risque d’être plus compliquée pour les années à venir – Jérôme Huberlant, directeur Scierie exploitation
forestière Huberlant

 

Des résultats contrastés
Après cette entrée en matière ministérielle, une première table ronde rassemblant cinq spécialistes de l’amont a permis d’évoquer plus en détails la conjoncture et les incertitudes quant à l’activité de ces prochains mois. Si dans le secteur de la distribution bois « 2022 a été une très bonne année avec des volumes équivalents à 2021, et des signaux assez positifs pour 2023, affirme Jacques Barillet, à la tête du groupe Barillet spécialisé dans le sciage et la distribution, la situation est très différente pour l’activité scierie du fait notamment de l’augmentation du coût de l’énergie ». Concernant les prix du bois, « on constate depuis quelques mois une forte baisse du prix des résineux, tandis que les cours des feuillus se maintiennent. Résultat, le marché est désordonné, contrasté, après des cycles excessifs » !

Une analyse du contexte économique partagée par l’ensemble des professionnels présents à la tribune : « Même si l’année 2022 s’annonce assez exceptionnelle, avec des volumes en hausse de 30 %, on observe des signes avant-coureurs de ralentissement de l’activité depuis le mois de novembre, note Sébastien Rolly, dirigeant associé chez Foresterra. Sachant que le seul marché qui booste encore l’activité est celui du bois énergie avec le granulé est le bois de chauffage ! » Un ralentissement de l’activité auquel s’ajoutent d’autres problèmes soulevés par le dirigeant : l’augmentation du prix pour sortir le bois de la forêt « qui créé parfois des phénomènes de rétention chez les propriétaires forestiers » ; les difficultés de recrutement au sein de la filière ; ou l’augmentation soudaine de la demande en bois construction. Résultat : « Dans le secteur de la construction, jamais le bois n’a autant pris sa place. La dynamique du bois est là. Mais les industriels allemands et autrichiens nous inquiètent car ils commencent à s’intéresser à la forêt française, car à cause des scolytes, les volumes manquent. En plus des gros industriels qui captent la matière sur le territoire français, de nouveaux acteurs de la chimie ou de l’hydrogène s’intéressent à notre matériau. Dans ce contexte, y-aura-t-il assez de bois demain pour toutes ces industries ? »

En marge de la disponibilité future de notre matériau, Thomas Sève, directeur général du groupe Monet Sève, reste davantage ancré dans le présent et rappelle qu’à l’heure actuelle l’inflation et les problèmes engendrés par le prix de l’énergie doivent être traiter en priorité, avant même la consommation de bois. Sachant que « le ralentissement des mises en chantiers et l’augmentation des taux d’intérêts n’arrangent pas la situation dans le secteur de la construction » !

 

Près de la moitié des importations chinoises de bois proviennent de France.

 

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