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Pour pérenniser l’avenir de la forêt française, il faut planter plus 

 

1re transformation : Entre le réchauffement climatique, les tensions sur les prix du bois, les exportations de grumes ou l’augmentation programmée de la demande en bois construction liée à l’entrée en vigueur de la RE 2020, les forestiers et professionnels de la 1re transformation sont sur tous les fronts. Conscients des défis qui les attendent, ils sont aujourd’hui prêts à s’investir, à monter en compétences et à moderniser leur outil industriel pour pérenniser l’avenir de la forêt française et de l’amont de la filière.

Tancrède Neveu, directeur délégué du fonds de dotation Plantons pour l’avenir

Pour pérenniser l’avenir de la forêt française, il faut planter plus 

 

Quand et pourquoi avoir créé le fonds de dotation Plantons pour l’avenir ?

 Plantons pour l’Avenir a vu le jour fin 2014. Mais l’idée de ce fonds est issue d’une réflexion de plus longue date de l’amont forestier et, en particulier, des coopératives qui se sont souciées de la diminution du reboisement par plantation en France. Sachant que cette problématique est d’autant plus urgente dans un contexte de changement climatique et d’adaptation de nos forêts. À travers ce fonds, notre objectif est de redonner de la motivation aux propriétaires forestiers pour replanter grâce à des solutions pérennes. Pour cela, nous nous sommes basés sur le mécénat en collectant des dons auprès d’entreprises et de particuliers. Ces dons servent à alimenter les trois programmes du fonds: «Planter » pour accompagner les propriétaires forestiers dans le reboisement; « Sensibiliser » pour apporter au grand public une meilleure compréhension des enjeux forestiers; « Innover » pour soutenir des projets de recherche sur l’adaptation des forêts et des techniques de gestions sylvicoles dans ce contexte de changement climatique.

Combien de dons avez-vous récolté depuis le lancement du fonds ? Quel est le profil de vos donateurs ? 

Pour l’instant, nous avons récolté plus de 5 millions d’euros de dons grâce à la contribution de plus de 180 entreprises mécènes, dont certaines nous suivent depuis le début. Parmi ces mécènes, on retrouve bien sûr des entreprises appartenant à la filière forêt-bois-papier (Smurfit Kappa, Fibre excellence, Archimbaud, Piveteaubois, Siat ou Dalkia, Rolpin ou Garnica…), mais également des entreprises provenant de secteurs variés (C-Discount, Crédit Agricole ou Nestlé), qui sont attirées par ces causes d’intérêt général.

Pouvez-vous nous en dire plus sur les plantations réalisées grâce aux dons ? À quels usages seront vouées ces futures forêts ?

 Nous avons reboisé près de 2 000 hectares partout en France, ce qui représente environ 2,3  millions de plans répartis entre 320 projets de 6 hectares en moyenne. Chaque projet de reboisement est accompagné par un expert ou un gestionnaire forestier agréé qui choisit notamment les essences les plus adaptées aux contextes locaux. Plus d’une vingtaine d’essences forestières ont été utilisées pour répondre à la diversité des projets et à la nécessité d’adapter nos différentes forêts au changement climatique, notamment par l’introduction de nouvelles essences. Le pin maritime, le douglas, le chêne sessile ou le peuplier, restent cependant les essences majoritairement replantées. L’objectif étant, dans quelques décennies, de parvenir à disposer de bois durable certifié PEFC ou FSC, qui servira à alimenter les besoins de la filière bois.

Comment imaginez-vous l’avenir de votre fonds de dotation et de la forêt française ? Quels seront vos prochains objectifs et vos futures actions ? 

Ce dispositif se projette dans la durée, puisque la problématique du renouvellement forestier sera toujours aussi prégnante dans 10, 20 ou 40 ans. Avec le changement climatique, de plus en plus de surfaces vont poser problème, avec des phénomènes de dépérissement, d’incendie ou de prolifération de pathogènes. Et l’apport de nouvelles provenances ou de nouvelles variétés d’arbres qui va être nécessaire ne peut se faire que par la plantation. Or, la plantation ne représente actuellement que 30% des surfaces renouvelées annuellement, contre 70% pour la régénération naturelle. Pour pérenniser l’avenir de la forêt française, il faut planter plus, même s’il y a encore beaucoup d’inconnues et des risques d’échecs. Il faut tester des provenances et des variétés plus méridionales, venant d’Espagne, du bassin méditerranéen ou des pays des Balkans et regarder vers l’Amérique du Nord qui dispose d’un gradient d’adaptation intraspécifique nord/sud, très intéressant.

 

Avec le changement climatique, de plus en plus de surfaces vont poser problème. 

 

Quel message souhaitez-vous faire passer aux professionnels de la filière bois ?

 J’invite toutes les entreprises de la filière, qui transforment et utilisent le matériau bois, à participer à cette cause et à se rassembler derrière cette initiative d’intérêt général. J’invite également les propriétaires forestiers à investir pour renouveler et adapter leurs parcelles forestières, sans attendre que des subventions prennent tout en charge après le dépérissement complet de leurs parcelles.

Pour pérenniser la forêt, il faut planter davantage.

 


 Propos recueillis par Adèle Cazier