INDUSTRIE ● NÉGOCE ● CONSTRUCTION

Non classé

Si l’on sait communiquer sur les atouts de la fenêtre bois, l’avenir sera encore meilleur

 

2e Transformation : Confrontés à une demande de plus en plus soutenue en produits bois, couplée à des difficultés de recrutement et parfois d’approvisionnements, les professionnels de la deuxième transformation se tournent vers la technologie et l’automatisation de leurs ateliers pour produire plus et mieux. Avec un subtil équilibre à trouver entre le savoir-faire de l’Homme et la rigueur de la machine. 

 

Xavier Lecompte, dirigeant de la menuiserie Atulam

Si l’on sait communiquer sur les atouts de la fenêtre bois, l’avenir sera encore meilleur

Quelles ont été les principales évolutions de la fenêtre bois au cours des vingt dernières années ? 

Depuis mon arrivée dans le métier en 1997, la principale évolution concerne la finition des menuiseries. Il y a 20 ans, on ne fabriquait pas de fenêtres peintes en usine et garanties dans le temps. Le fait de proposer des finitions en atelier a transformé le marché de la fenêtre bois et a permis à notre matériau de regagner des parts de marché. 

Comment justement expliquez-vous les difficultés du bois à conquérir le marché de la menuiserie face au PVC et à l’aluminium qui rencontre un vif succès depuis quelques années ?

Sans être un marché de niche, la menuiserie bois est réservée à une clientèle CSP+ qui va acheter de la décoration traditionnelle ou contemporaine. Aujourd’hui, les fenêtres sont à la fois esthétiques et performantes, mais on a toujours besoin de rassurer les gens et un gros travail de communication reste à mener, notamment auprès du grand public. L’autre frein au développement de la fenêtre bois réside dans sa conception. Une menuiserie bois est beaucoup plus complexe à produire qu’une fenêtre alu ou PVC ; elle nécessite des investissements plus importants et une montée en capacité plus coûteuse pour équiper les usines ou optimiser leur production. 

Que manquerait-il au bois pour peser davantage dans le secteur de la menuiserie ?

 Il faudrait se donner les moyens de produire plus car la demande est là  ! Aujourd’hui, beaucoup de Français ont envie de fenêtres en bois. Ils ont envie d’un matériau écologique, naturel, performant sur le plan thermique et acoustique, et disposant d’un bon bilan carbone. Certains sont même parfois prêts à mettre plus cher pour s’offrir un produit plus durable qu’une fenêtre en aluminium ou en PVC. 

Aujourd’hui, les fenêtres sont à la fois esthétiques et performantes, comme au manoir de Freulleville (76).

En quoi les chartes et les labels de qualité existants sur le marché peuvent-ils contribuer à l’essor de la menuiserie bois ? 

Ces chartes et ces labels garantissent un certain niveau de qualité concernant la conception et la fabrication des menuiseries bois, ce qui est rassurant pour le client final puisqu’il sera davantage enclin à choisir une fenêtre bois. Elles permettent également aux petits et moyens acteurs de la filière de se fédérer pour faire face à diverses problématiques, à l’image des achats de bois. Pour pérenniser une filière, il vaut mieux s’associer pour exister et se développer que se faire la guerre. Ce qui est justement l’objet de ces chartes et de ces labels de qualité. Certains labels comme Menuieries 21 proposent également une approche environnementale et sociétale optimisées.

L’enjeu de demain est d’être capable de concilier le savoir-faire de l’artisan avec les technologies qui sont à notre disposition. 

Comment envisagez-vous l’avenir de la menuiserie bois dans 10 ou 20 ans ?

La fenêtre bois a un très bel avenir commercial. Aujourd’hui, nous sommes à un moment où l’enjeu écologique est réel et où les gens sont prêts à acheter plus cher des produits plus écologiques, plus vertueux. Si l’on sait communiquer sur les atouts de la fenêtre bois, l’avenir sera encore meilleur. L’enjeu de demain est d’être capable de concilier le savoirfaire de l’artisan avec les technologies qui sont à notre disposition. De mixer la fabrication traditionnelle avec du numérique et de la robotique. La menuiserie bois est un vrai métier de savoir-faire. Et son avenir, ne passera que par la transmission des connaissances. L’objectif sera de trouver un bon équilibre entre l’humain et la robotisation.

Quelle sera la fenêtre bois de demain ?

Sur un plan plus technique, le bois massif aura toujours une place mais je pense que les carrelets lamellés-collés aboutés vont poursuivre leur développement. Ce sont des produits stables, résistants et durables si l’on sait travailler avec des colles écologiques.

Qu’en sera-t-il des importations ? 

Si on sait aller au bout de la qualité du produit et des services associés, nous ne devrions pas être inquiétés par les importations. à titre d’exemple, des architectes roumains séduits par la qualité de nos produits sont récemment venus nous acheter plusieurs menuiseries ! De manière plus générale, la menuiserie bois n’est par un marché industriel qui génère des volumes importants (environ 650 000 fenêtres bois /an)  ; elle est donc moins impactée par les importations que peuvent l’être les fenêtres PVC. 

Et des essences utilisées ?

L’idée serait d’aller vers des essences cultivées, vers des bois durables, qu’ils soient de pays ou exotiques. En France, le marché du bois représente un fort enjeu politico-économique. Si l’on arrêtait de vendre nos matières premières à l’état brut, il y aurait davantage de bois disponible. Aujourd’hui, il y a un marché pour les bois français, mais pas pour tout le monde ! Il manque des volumes de bois gérés durablement. Au regard de la flambée des prix qui sévit actuellement sur de nombreuses essences, il est important en France de développer une forêt cultivée qui aidera à être moins dépendant des spéculations mondiales et qui favorisera les circuits courts.  

Quel message souhaiteriez-vous faire entendre aux futures générations ?

En Afrique, il n’y a pas de déforestation comme en Amazonie avec l’interdiction dans de nombreux pays d’exporter des grumes non transformées. Aujourd’hui, c’est un fait, l’Amazonie perd du carbone ! Il faut arrêter la déforestation sauvage. La condamner. Le bois est le matériau de demain. Grâce à sa capacité à stocker du carbone, c’est un produit magique de sauvegarde de la planète et il est urgent d’en prendre conscience. 



Il faut concilier le savoir-faire des artisans avec les nouvelles technologies.

 

Propos recueillis par Adèle Cazier