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Fenêtre sur le marché des bardages bois

 

Fin octobre, l’association Le Commerce du Bois (LCB) dévoilait les résultats d’une nouvelle enquête sur le marché des bardages bois en France de 2016 à 2021.

Boostés par les travaux d’aménagements extérieurs réalisés depuis le premier confinement et par l’engouement des particuliers comme des pouvoirs publics pour la construction bas carbone, les bardages bois ont connu une très belle année 2020/2021 avec une progression à deux chiffres pour la plupart des produits. Une aubaine pour les professionnels du secteur qui enregistrent des ventes en hausse de 12,5 % entre 2019 et 2020, et jusqu’à 25 % entre 2019 et 2021 après plusieurs années de relative stabilité du marché [+ 6,3 % de 2016 à 2019 NDLR].

Reste désormais à savoir si cette forte hausse s’inscrira dans la durée ou si le marché retrouvera son rythme de croisière dans les mois et les années à venir. En attendant de découvrir certains éléments de réponse, retour sur quelques-uns des points clés de cette étude inédite réalisée par Jean-Marc Mornas pour LCB auprès des principaux acteurs du secteur.

LE MARCHÉ DES BARDAGES BOIS EN CHIFFRES

Comme l’indiquent les graphiques présentés ci-dessous, la crise sanitaire a été un élément de rupture dans l’évolution du marché chez les particuliers : les confinements, le télétravail et le chômage partiel ont été favorables aux travaux d’amélioration de l’habitat et aux ventes de bardages. Cette forte progression du marché, en rupture avec l’évolution plus atone depuis 8 ans (+ 1,5 % depuis 2012), interroge sur la pérennité de ce phénomène. Les principaux acteurs estimant en effet que, lorsque la crise sanitaire sera réglée, les modes de consommation des ménages vont à nouveau se diversifier et la demande en bardages bois va ralentir. Concernant le secteur non résidentiel, le marché est également en développement du fait de l’augmentation des projets en structure bois. Cette évolution correspond à la volonté des maîtres d’ouvrage et des maîtres d’œuvre de s’orienter vers des constructions plus environnementales ; il est donc fréquent que le bardage bois soit retenu en revêtement de façade. Sachant que le « grisaillement » semble également mieux accepté s’il se fait de façon homogène, d’où la multiplication des produits pré-grisés avec saturateurs très appréciés par les maîtres d’ouvrage et les architectes.

ZOOM SUR LES ESSENCES

Si l’on s’intéresse maintenant aux types d’essences utilisés, le sapin du Nord reste l’essence phare pour les bardages autoclaves avec 70 % de parts de marché en 2016 et 73 % en 2019. Concernant les bardages naturels, le douglas arrive en pole position (60 %), suivi par le mélèze et le Red Cedar, dont les volumes mis en œuvre ont fortement diminué entre 2016 et 2019. Pour les produits avec saturateurs, le marché est plus disputé entre le douglas et le mélèze, qui représentent à eux deux plus de 60 % des volumes mis en œuvre, suivis par le Red Cedar et l’épicéa. Sachant que les difficultés d’approvisionnement concernant le mélèze pourraient changer la donne au cours des prochains mois.

MARCHÉ DES BARDAGES PAR TYPE D’ESSENCES

 

FORT ENGOUEMENT POUR LES PRODUITS AVEC SATURATEURS

Concernant les typologies de produits, on remarque quelques disparités dans l’évolution du marché entre 2016 et 2019 avec une forte progression des produits avec saturateurs, une relative stabilité des bardages autoclaves et naturels et une baisse des produits peints. Depuis 2019 et l’arrivée de la crise sanitaire, on remarque une forte demande pour les produits autoclaves et avec saturateurs qui progressent chacun de plus de 30 %.

ENSEIGNEMENTS ET PERSPECTIVES

Cette étude menée auprès de producteurs de bardages, de distributeurs et d’architectes, a permis de mettre en lumière plusieurs points clés détaillés ci-dessous :

• Depuis 2016, la demande du marché s’oriente de plus en plus vers des produits de qualité, à plus forte valeur ajoutée, avec une augmentation pour des bardages avec saturateurs et des produits sur mesure (formats différents, mélanges de finitions, de couleurs, intégrations de lumières…).

• La demande pour les bardages claire-voie ou faux claire-voie est très forte grâce à une esthétique offrant un aspect plus contemporain aux bâtiments.

• La forte progression du marché du bardage sur 2020 et 2021 risque de ne pas s’inscrire dans la durée. Pour les particuliers, les travaux d’amélioration de l’habitat devraient revenir à un rythme normal si la crise sanitaire s’améliore de façon durable. En conséquence, la demande pour le bardage devrait baisser dès 2022. Pour les bâtiments non résidentiels, la baisse des mises en chantier et des permis de construire devrait impacter le marché du bardage d’ici fin 2022 début 2023.

• Les tensions sur les matières premières générant des hausses de prix importantes pourraient, à moyen terme, remettre en cause la réalisation de constructions bois et générer une baisse de la demande de bardages.

• Cependant, l’entrée en vigueur de la RE2020, très favorable à l’utilisation du bois dans la construction, devrait par ricochets impacter favorablement le marché du bardage. Reste désormais aux industriels de positionner le bardage bois vis-à-vis des maîtres d’ouvrage et des maîtres d’œuvre comme un composant permettant d’améliorer le bilan carbone des bâtiments.

• En terme de demande, les acteurs du marché, les architectes et distributeurs souhaitent voir se développer une offre de bardage en bois local et notamment en bois de feuillus. Sachant que de plus en plus de collectivités locales sont très attentives à la provenance des bois.

• À l’horizon 2025, le marché du bardage bois pourrait raisonnablement se situer autour de 6 600-6 700 000 m² vendus, soit une progression de 16 à 17 % par rapport à 2019 (contexte avant crise)…

Adèle Cazier