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ENTRETIENS AVEC LA FILIÈRE – Jérôme Martinez

« BOIS DE FRANCE est un levier de développement de la filière bois française»

Jérôme Martinez, responsable du label BOIS DE FRANCE

Officiellement lancé début 2020, le label BOIS DE FRANCE prend peu à peu ses marques sur l’ensemble du territoire. Avec plus d’une centaine d’adhérents à son actif, il couvre
l’ensemble des applications de la filière, de la forêt… au charbon de bois !
À l’heure du développement du bois dans la construction et d’une demande toujours plus forte en bois français, notamment à l’approche des jeux Olympiques de Paris 2024, BOISmag vous propose de faire un point d’étape sur les ambitions et les orientations du label BOIS DE FRANCE avec son responsable, Jérôme Martinez.

Quand et comment le label BOIS DE FRANCE a-t-il vu le jour ?

Initialement baptisé Bois Français, le label BOIS DE FRANCE est une démarche assez ancienne datant de 2017, inspirée par une campagne de communication de la FNB « Préférez le bois français ». Suite au succès rencontré par cette campagne, les professionnels du secteur ont souhaité faire une distinction entre les produits bois simplement assemblés ou transformés en France, et ceux véritablement
en bois français pour leur donner une certaine valeur.
C’est de cette volonté qu’est née l’idée d’une marque nationale aujourd’hui connue sous le nom de BOIS DE FRANCE.


Pouvez-vous retracer un bref historique du label ?

En 2019, l’arrivée des premiers marchés des jeux Olympiques de Paris 2024, qui demandaient du bois français, a accéléré les choses. Les professionnels ont renommé la démarche Bois Français en BOIS DE FRANCE, et j’ai été embauché début 2020 pour animer cette nouvelle démarche. Ensuite, l’année 2020 a été dédiée à la construction du système.

Malgré la crise sanitaire qui nous a contraints à quelques adaptations, nous sommes parvenus à rédiger, valider et publier notre référentiel au mois de juin. L’année 2021 a été celle du déploiement du label avec le retour des salons professionnels, la mise en place d’actions de communication, la sortie d’un guide à l’attention des marchés publics…
En 2022, nous souhaitons continuer notre développement et donner un coup d’accélérateur à notre démarche grâce à l’embauche de deux nouveaux collaborateurs. Cette année, nous misons beaucoup sur le bois construction, pour lequel nous recevons de nombreuses demandes d’adhésions en lien avec la RE2020 qui « oblige » un certain nombre de maîtres d’ouvrage à aller vers le bois.
À l’image de Bouygues Bâtiment France Europe qui prévoit d’utiliser 30 % de bois français dans ses ouvrages en bois depuis 2021, pour atteindre les 50 % de bois français à l’horion 2025.

« Cette année, nous misons beaucoup sur le bois construction, pour lequel nous recevons de nombreuses demandes d’adhésions en lien avec la RE2020. »

Comment est-il financé ?

Concernant le financement, le label Bois de France est pour l’instant aidé par l’interprofession France Bois Forêt via les fonds collectés par la CVO. Cette année, nous recevons également un financement de la part du ministère pour nous aider sur un projet. Sachant que notre objectif est bien entendu d’augmenter rapidement notre autofinancement pour devenir indépendant sur nos dépenses de fonctionnement d’ici trois ou quatre ans.

Combien d’adhérents comptez-vous aujourd’hui ?

Nous avons actuellement plus d’une centaine d’entreprises adhérentes. Et ce nombre va augmenter rapidement dans les mois à venir puisque nous avons de plus en plus de demandes de toutes typologies d’entreprises, sachant que BOIS DE FRANCE s’adresse à tous les produits bois produits en France. Parmi nos adhérents nous comptons bien sûr de nombreuses scieries de toutes tailles telles que Monnet-Sève, Scierie de Veron, le groupe Siat, Scierie du Forez, Scierie Hamon ; des entreprises du domaine de la construction (lamellistes, charpentiers et même un promoteur) mais aussi des fabricants de pellets, des spécialistes de l’emballage ou de la palette, des professionnels du panneau de contreplaqué (Drouin, Thebault), et même des producteurs de charbon de bois… Ce qui démontre bien notre exhaustivité.

Quelles sont les conditions, les prérequis pour adhérer au label ?

Les conditions d’adhésion sont très simples puisqu’il suffit d’avoir au moins un site de production établi sur le territoire national. Ensuite, il faut s’assurer de la traçabilité des bois couverts par le label en faisant réaliser un audit par un organisme indépendant afin d’obtenir la certification. Une fois cette certification obtenue, un audit annuel sera réalisé chez l’ensemble de nos membres pour vérifier qu’ils respectent bien notre référentiel.

Pouvez-vous justement nous en dire un peu plus sur ce référentiel ?

Concernant notre référentiel et nos méthodes de traçabilité, on hérite du travail réalisé depuis plus de 20 ans par les certifications PEFC et FSC et qui reconnaissent chacun trois méthodes de traçabilité inscrites désormais dans la norme ISO 38200 : La séparation physique, adoptée notamment par les marques de massif (Alpes, Massif Central…), qui fonctionne très bien chez les négociants ou dans des entreprises totalement en bois français ; la méthode du pourcentage
moyen, pour laquelle nous avons fixé un seuil à 80 % [contre 70 % pour FSC et PEFC NDLR] ; et la méthode du crédit qualité, que nous n’avons pas retenue. Actuellement, nous employons donc les deux premières méthodes que nous pouvons conjuguer pour nous adapter au fonctionnement des entreprises. Nous accompagnons d’ailleurs les entreprises dans la mise en place de cette traçabilité afin de trouver la solution la plus simple et la plus efficace pour chacune.

« BOIS DE FRANCE s’adresse à tous les produits bois produits en France. »

Pouvez-vous justement nous en dire un peu plus sur ce référentiel ?

Concernant notre référentiel et nos méthodes de traçabilité, on hérite du travail réalisé depuis plus de 20 ans par les certifications PEFC et FSC et qui reconnaissent chacun trois méthodes de traçabilité inscrites désormais dans la norme ISO 38200 : La séparation physique, adoptée notamment par les marques de massif (Alpes, Massif Central…), qui fonctionne très bien chez les négociants ou dans des entreprises totalement en bois français ; la méthode du pourcentage moyen, pour laquelle nous avons fixé un seuil à 80 % [contre 70 % pour FSC et PEFC NDLR] ; et la méthode du crédit qualité, que nous n’avons pas retenue. Actuellement, nous employons donc les deux premières méthodes que nous pouvons conjuguer pour nous adapter au fonctionnement des entreprises. Nous accompagnons d’ailleurs les entreprises dans la mise en place de cette traçabilité afin de trouver la solution la plus simple et la plus efficace pour chacune.

Qu’apporte-t-il en retour à ses adhérents ?

Il permet à nos différents membres d’avoir accès à tous les marchés qui demandent du bois français, et plus particulièrement les marchés publics. En plus de l’ensemble des entreprises de la filière, nous accompagnons aussi les maîtres d’ouvrage publics, à l’attention desquels nous avons récemment publié un guide, mais aussi les maîtres d’ouvrage privés à qui nous fournissons toutes les explications nécessaires. Pour ouvrir encore plus l’accès de nos entreprises à ces marchés, nous sommes en train de réaliser en interne un nouveau pack de communication à leur attention.


Comment imaginez-vous l’avenir du label ? Quelles seront les prochaines évolutions ?

Dans un futur proche, BOIS DE FRANCE va essayer de mettre en relation l’ensemble de ses membres et davantage animer son réseau. Autre axe de développement, faciliter l’accès et les interactions entre les maîtres d’ouvrage et les adhérents de la marque. Nous travaillons à une solution pour mettre en relation tous ces acteurs afin de créer une grande équipe BOIS DE FRANCE !

« Dans un futur proche BOIS DE FRANCE va essayer de mettre en relation l’ensemble de ses membres et davantage animer son réseau »

Que pensez-vous des démarches régionales qui naissent sur le territoire ? Les considérez-vous comme complémentaires ou concurrentielles ?

À mon arrivée à BOIS DE FRANCE, il y avait une certaine opposition entre démarches locales et nationale. J’ai depuis développé un positionnement différent, placé sous le signe de la complémentarité. En effet, les démarches de massif répondent à des attentes en construction en bois de massif notamment de la part de collectivités locales. Mais elles ne couvrent pas l’ensemble des forêts du territoire, même à un niveau local, à l’image des forêts de la vallée du Rhône qui n’entrent dans aucune des démarches présentes en région AuRA : Bois des Alpes, Bois de Chartreuse, Bois Qualité Savoie, Bois des territoires du Massif Central et Chêne de l’Allier. Et elles se concentrent uniquement sur les produits de la construction, là où BOIS DE FRANCE valorise l’ensemble des produits issus de la filière bois. Même au niveau des produits de construction, l’échelle géographique de ces démarches crée des manques (CLT, panneaux…) entraînant des constructions avec une partie des produits en bois de massif et le reste sans garantie d’origine. Dans ce cas de figure, BOIS DE FRANCE serait une réponse cohérente. La complémentarité entre démarches locales et nationale est donc établie.
Aujourd’hui, nous créons des partenariats avec ces démarches pour assurer une cohérence sur l’ensemble des produits utilisés dans les constructions souhaitées en bois de massif et pour permettre un maximum de mutualisation aux entreprises voulant obtenir les deux démarches. Après un premier accord avec Bois des territoires du Massif Central signé en septembre 2021, nous discutons actuellement avec Bois des Alpes et Bois Qualité Savoie. Enfin, si l’on prend ce sujet sous l’angle du développement des entreprises, nombre d’entre elles nous disent que la dimension nationale est l’échelle la plus adaptée car elle leur offre de plus grandes perspectives de marchés qu’au niveau local.

Quel message souhaitez-vous adresser aux professionnels qui hésitent à vous rejoindre ?

Le label BOIS DE FRANCE est un système adapté aux attentes des entreprises dans la mesure où c’est une association gérée par des professionnels, qui détiennent la majorité des voix. Nous avons aussi à cœur de toujours aller dans le sens de fonctionnement des entreprises, avec un référentiel qui soit le plus efficient possible pour nos membres. Enfin, pour les entreprises qui hésitent encore, venez découvrir le label. On va vous démontrer que ce système est simple à mettre en place et qu’il est fait pour vous.

Et à la filière bois française en général ?

BOIS DE FRANCE est un levier de développement de la filière bois française. C’est un outil au service de notre filière. Nous n’avons pas une vision dogmatique du bois français.
Notre objectif est d’abord de promouvoir le bois dans son ensemble pour développer la part du bois dans tous les usages possibles pour, ensuite, faire monter la part du bois français dans cette part totale de bois.

Propos recueillis par Adèle Cazier