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ENTRETIENS AVEC LA FILIÈRE – Aurélien Sautière

« FSC est un outil utile à la filière française»

Aurélien Sautière, directeur exécutif de FSC France

Présente dans l’Hexagone depuis 2007, la certification FSC gagne peu à peu du terrain, boostée par l’entrée en vigueur de la RE2020 et la demande croissante en produits certifiés dans un marché du bois mondialisé. Retour sur les grandes évolutions et les prochains défis de la certification avec Aurélien Sautière, directeur exécutif de FSC France.

Quand et pourquoi la certification FSC a-t-elle vu le jour ?

La certification FSC, ou Forest Stewardship Council, est une ONG au sens littéral gouvernée par ses adhérents. Elle a été créée en 1994, deux ans après la conférence de Rio, suite à la déception de certains acteurs constatant que la forêt n’a pas été assez prise en compte. Elle est gouvernée par trois Chambres (Environnementale, Sociale et Économique) qui ont toutes le même pouvoir de décision.


Depuis quand existe-t-elle sur le territoire français et comment évolue-t-elle ?

La création de FSC France remonte à l’année 2007. Sa gouvernance fonctionne sur le même modèle que FSC International, avec les trois mêmes Chambres. Au début du mois de janvier 2022, nous comptions 67 adhérents, 877 certificats Chaîne de Contrôle (industriels, négociants et imprimeurs), 50 licences promotionnelles (marques et distributeurs), et nous devrions franchir la barre des 100 000 hectares de forêts certifiés dans le courant de l’année. FSC est un outil utile à la filière française pour répondre à la demande des clients qui sont aujourd’hui conscients des bénéfices apportés par des bois certifiés.

Quels sont justement les bénéfices et les garanties apportés par la certification FSC aux propriétaires forestiers, aux acheteurs et aux utilisateurs finaux ?

FSC France propose un référentiel adapté aux spécificités de la forêt française, sur la base du référentiel international. Pour le gestionnaire forestier, il se compose d’un ensemble de principes indicateurs qu’il doit appliquer au moment de sa certification. Parmi ces principes, la Conversion limite ou interdit la transformation de forêts naturelles en forêts de plantations ou cultivées. Autre indicateur, la préservation de la biodiversité qui interdit par exemple de perturber les cycles biologiques dans les zones remarquables. On peut enfin citer la politique d’association : une entreprise certifiée FSC peut avoir une forêt FSC et une autre non certifiée. Si elle enfreint les règles du FSC, y compris dans une forêt non FSC, elle perd sa certification ! Cela permet d’éviter le greenwashing, surtout sur les produits d’importation.

Avec la crise sanitaire et la hausse du prix de certains produits bois, ne craignez vous pas que l’éco-certification recule, sachant que les bois éco-certifiés coûtent plus cher ?

Plus le bois est cher, moins l’éco-certification l’est, proportionnellement parlant. De plus, la demande en bois certifié ne fait que croître depuis plusieurs années, avec des consommateurs qui demandent des gages de qualité et de traçabilité. Les professionnels de la filière n’ont donc pas d’autres choix que de répondre aux demandes du marché. Il y a quelques années, c’était surtout l’Europe du Nord qui demandait des garanties sur les aspects sociaux et environnementaux des bois. Aujourd’hui, toute l’Europe s’y met. Dans un marché mondialisé très éclaté, il faut avoir une vision au-delà des frontières. On a besoin de travailler sur le marché intérieur, mais aussi avec l’UE et d’autres pays, sachant que cette logique d’exportation passe par des gages environnementaux et sociaux apportés par l’éco – certification.

« FSC peut contribuer à répondre aux demandes des clients et à gagner de nouveaux marchés. »

Pourquoi le FSC n’est-il pas plus présent sur le territoire français ?

Le FSC a été créé tardivement en France du fait de la forte présence de la certification PEFC, portée par la majorité des acteurs forestiers depuis 1999.
Après les accords de Rio, ces derniers ont préféré créer un autre label que le FSC, mis en place quelques années auparavant. Aujourd’hui, le label le plus présent dans les forêts françaises c’est PEFC, mais FSC se développe rapidement.

Pouvez-vous m’en dire plus sur le projet France Bois Traçabilité qui associerait FSC, PEFC et BOIS DE FRANCE ?

Une fusion entre FSC et PEFC n’est pas envisageable pour des raisons historiques, et parce que nos référentiels sont trop différents. Cependant, dans le cadre des JO de Paris, FCBA a porté un nouveau projet baptisé France Bois Traçabilité qui permettra, au moment de la construction des ouvrages olympiques, d’utiliser des produits FSC, PEFC ou BOIS DE FRANCE. Cet outil a pour but de faciliter les choses aux constructeurs pour qu’ils puissent mettre en place plus rapidement leur certification projet.

Comment imaginez-vous l’avenir du FSC France ?

Aujourd’hui, FSC connaît une très forte croissance en France du fait des besoins des consommateurs. Après les secteurs des papiers et des panneaux, celui de la construction est en train de se rendre compte de l’intérêt de notre certification. Nous sommes actuellement contactés par beaucoup d’entreprises de l’ameublement et de la construction qui s’intéressent de plus en plus à tous les aspects d’un produit bois. Sans oublier l’entrée en vigueur de la RE2020 qui fait bouger les choses dans le bon sens.

Quels seront vos prochaines actions et vos prochains défis ?

En 2022, notre principale action portera sur la révision de notre référentiel de gestion forestière. Notre prochain défi consistera à réussir à faire comprendre à l’industrie du bois d’œuvre française l’intérêt de notre certification pour qu’elle ne soit pas dépassée par nos voisins italiens, allemands ou suédois, et qu’elle ne soit pas en retard sur la concurrence.

Quel serait votre mot de la fin?

La valeur ajoutée se fait aussi sur des réponses aux enjeux environnementaux et sociétaux. FSC est un outil qui peut contribuer à répondre aux demandes des clients et à gagner de nouveaux marchés.

Propos recueillis par Adèle Cazier