Cathild Industrie est un spécialiste du séchage artificiel du bois. Il fabrique, distribue et installe des séchoirs à bois et des étuves à bois dans le monde entier mais ses trois marchés principaux sont l’Amérique du Nord, l’Europe et l’Afrique – en plein développement avec une ressource abondante de bois. Quelle est la vision de Cathild sur l’actualité de l’activité dans sa spécialité et l’évolution de ses produits liée à la conjoncture ? Analyse économique avec Marc Cikankowitz, PDG de Cathild Industrie à Mansigné (Sarthe).
Issu d’une formation en Génie électrique, Marc Cikankowitz a fait toute sa carrière dans le secteur du séchage du bois et donne tout de suite le ton : « J’aime la culture de la marque. On achète un “Cathild” comme on achète un “Frigidaire” dans le monde entier, du fait de sa réussite dans son domaine : c’est LA référence ! » Le monde entier ? Le monde entier subit une crise énergétique. Comment envisager l’avenir ? Les décisions des investisseurs se trouvent fortement infléchies par le coût de revient des énergies. Pour sécher le bois et faire évaporer l’eau, l’industrie consomme de l’énergie calorifique provenant de diverses sources, principalement de la biomasse mais également de brûleurs au gaz ou au fuel, de l’électricité, et l’on constate que le prix de la biomasse explose comme celui des énergies fossiles. Avec la biomasse, on essaie de brûler diverses formes de chutes de bois : écorce, sciures, copeaux, plaquettes. Le restant étant transformé en pellets, en panneaux mais, de manière paradoxale, les industriels du bois se retrouvent face à un dilemme : faut-il brûler cette biomasse ou la vendre ? En effet, la combustion de la biomasse coûte très cher car les foyers doivent être entretenus, le système de dépoussiérage est très onéreux alors que le brûleur gaz ou fuel ou l’électricité (soit directement soit indirectement) restent plus simples à mettre en oeuvre. La biomasse nécessite une infrastructure lourde, volumineuse, abritée sous de grands bâtiments avec une distribution complexe tandis que les autres énergies sont disponibles dans de petits espaces pour obtenir de grandes puissances : « Les industriels hésitent entre le traditionnel et le controversé. Les coûts d’énergie peuvent avoir explosé en l’espace de quelques mois ».
Faut-il brûler la biomasse ou la vendre ?
Aujourd’hui, le prix de la biomasse varie de 4 à 8 cts/kWh, le gaz propane entre 6 et 10 cts/kWh et l’électricité entre 9 et 12 cts/kWh. Ces prix varient selon les pays, les secteurs d’activité, les volumes, les contrats souscrits et leur disponibilité. Les industriels peuvent se trouver désorientés en vendant cette biomasse puis en bonifiant le coût d’achat de l’énergie fossile avec cette vente. Les métiers ont évolué de même que les productions. Souvent la production nécessite souplesse et réactivité : « Cela entraîne pour beaucoup l’obligation de se recentrer sur l’activité du bois et d’abandonner l’idée d’incinérer les résidus, ce qui laisse la place aux systèmes basés sur les énergies fossiles ». Au Canada, par exemple, le gouvernement a tout misé sur l’énergie hydroélectrique plutôt que sur la biomasse qui produit du CO2.
Récupérateurs d’énergie
En France, la disponibilité des énergies aura certainement le dernier mot. Voilà 20 ans que l’on a quasiment abandonné les pompes à chaleur : « Aujourd’hui, on semble être prêt à accepter des cycles plus longs et des puissances installées
moindres pour remettre cette solution faiblement énergivore en avant. Les récupérateurs d’énergie disponibles depuis 5-6 ans, constamment améliorés, permettent de récupérer et de réinjecter dans le processus une partie de la chaleur latente qui se trouve dans la vapeur d’eau évaporée du bois ».
Le séchoir Grande Capacité Basse Température permet d’uniformiser le besoin énergétique.