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L’ESB investit pour l’avenir

 

Attirer davantage de jeunes vers les métiers du bois grâce au numérique, telle est l’ambition de l’École supérieure du bois de Nantes qui dispose d’un nouvel atelier de six machines CN opérationnel depuis plusieurs mois. Avec un investissement d’un million d’euros, cet atelier est ouvert à tous les étudiants de l’école pour leur permettre de se projeter vers l’avenir et de mieux appréhender les métiers de la filière, comme l’explique Arnaud Godevin, directeur de l’ESB.

D’où est née la décision de créer cet atelier dédié aux machines à commandes numériques ?

Ce nouvel atelier est le fruit du projet d’établissement que nous avons élaboré avec les membres du conseil d’administration.
Lors de l’élaboration de ce projet, nous nous sommes posé la question : où sera l’école dans 10 ans ? Et il en est ressorti que l’avenir de l’école passera par un développement des relations entre les jeunes et les entreprises de la filière. Nous avons donc réécrit une nouvelle stratégie axée sur plusieurs mots clés tels que l’économie circulaire, le numérique ou le digital. Et c’est de cette stratégie qu’est née l’idée de ce nouvel atelier dont l’objectif est de proposer une chaîne de valeur complète où le numérique permet de passer rapidement de l’idée à la fabrication.

Depuis quand cet atelier est-il opérationnel et comment a-t-il était financé ?

Il est opérationnel depuis plus d’un an mais nous n’avons
pas eu le droit d’y toucher pendant de longs mois à cause du Covid !
Concernant le financement, nous avons eu quelques désillusions telles que la baisse de la taxe d’apprentissage ou la faiblesse des subventions. Résultat, nous sommes quasiment à 100 % d’autofinancement, sachant que le Codifab nous a tout de même alloué 80 000 euros sur un coût global de près d’un million d’euros.

De quels types de machines se compose cet atelier ?

Nous disposons au total de six machines CN fournies par l’entreprise Biesse dont un centre Nesting, une machine cinq axes et une machine de taille de charpentes. L’objectif étant de disposer d’une chaîne de production complète capable de réaliser des opérations complexes. D’ailleurs, ces six machines ne représentent que la première phase de nos investissements. La pandémie a un peu freiné nos plans, mais une deuxième phase devrait bientôt voir le jour avec de nouveaux équipements pour l’usinage du bois massif et le développement de nouvelles compétences concernant l’outillage, la robotique, la réalité virtuelle et augmentée…

Combien de jeunes peut-il accueillir ?

Cet atelier est ouvert à tous les étudiants. Avant l’accès aux machines, nous faisons passer un certificat aux élèves qui, en cas de réussite, leur donne un accès complet à toutes les machines. Cet accès en « open bar » leur permet d’utiliser l’ensemble du parc pour réaliser des projets individuels ou collectifs et laisser libre cours à leur créativité.


L’ouverture de cet atelier a-t-elle donné lieu à de nouveaux enseignements ?

Nous n’avons pas changé la structure de nos enseignements mais nous avons mis en place des « électifs ». Ces « électifs » sont nés du nouveau projet de l’école. Ils ont donné lieu à la création d’un espace créatif pour faire phosphorer nos étudiants, de l’atelier de fabrication avec nos machines CN, d’un laboratoire et d’un lieu de maquettage avec des imprimantes 3D. L’idée étant de créer des exercices sur quatre jours, parfois avec des professionnels, dans différents domaines selon les projets des élèves. La filière bois souffre depuis plusieurs années d’un manque de main-d’œuvre et de personnel qualifié.

Pensez-vous que le développement de ces nouvelles technologies au sein des écoles permettra d’attirer davantage de jeunes vers nos métiers ?

Absolument. La rentrée a été compliquée et la filière souffre en effet de difficultés d’embauches car les jeunes sont passionnés par plein de choses mais pas forcément par le bois. Nos écoles ne seront attractives que si la filière est attractive ! Nous avons besoin de plus de numérique. La formation est un sujet qui concerne tout le monde mais dont personne ne s’occupe vraiment. C’est donc à la filière de prendre les choses en main. Pour mieux communiquer, il faut que les entreprises se mobilisent.

La filière bois est une filière silencieuse. Et les jeunes ne la voient pas car ils ne l’entendent pas. Si l’on ne parle pas le langage des jeunes, ça ne marchera pas. Aujourd’hui, nos étudiants ont des sensibilités différentes et il faut faire avec. Le salaire n’est plus le facteur le plus important. Il faut leur mettre à disposition des outils qui leur parlent car, s’ils sont passionnés, les jeunes peuvent aussi s’adapter et déplacer des montagnes !

Quels seront vos prochains projets pour les mois à venir ?

Outre la poursuite de nos investissements dans de nouvelles machines CN, nous prévoyons l’ouverture de quatre formations pour la rentrée 2022 avec trois projets de Mastère et le développement du Bachelor. Sans oublier le souhait d’ouvrir une école de production à Chateaubriand pour les jeunes en décrochage ou en échec scolaire. Cette école d’un nouveau genre proposerait un modèle alternatif, avec 2/3 du temps dans l’atelier et 1/3 du temps dédié à la formation, et permettrait également d’alimenter les entreprises de la filière en main-d’œuvre qualifiée…

Propos recueillis par Adèle Cazier