21/09/21
Ducerf est une entreprise familiale qui a aujourd’hui 136 ans. Il y a deux ans, le groupe a changé de gouvernance et mon cousin, ma cousine et moi avons repris la direction de l’entreprise en représentant la 5e génération. Nous avons deux activités principales que sont la première et la deuxième transformation du bois, et nous nous approvisionnons dans un rayon de 300 à 350 km pour la 1re transformation, et sur l’ensemble de la France pour la 2e transformation.
Comment s’organisent vos activités de 1re et de 2e transformation du bois ?
Quels sont les principaux débouchés de vos produits ?

Comment avez-vous géré la hausse des cours du bois qui agite la filière depuis plusieurs mois ?
On est inquiet de cette augmentation historique sachant que, lors des premières ventes de la rentrée, les cours du chêne ont atteint des prix jamais vus. Tout le monde veut refaire ses stocks et tous les acteurs, nationaux comme internationaux, sont très demandeurs. Pour l’instant, on a répercuté ces hausses sur nos prix de vente car le contexte était plutôt favorable pour le faire. Les gens veulent sécuriser leurs approvisionnements quoiqu’il en coûte. Mais à un moment, le marché ne pourra plus absorber tous les prix. Le consommateur final a une limite qu’il ne veut pas dépasser sinon il se tournera vers d’autres solutions ou d’autres matériaux moins onéreux.
Qu’en est-il des tensions sur les approvisionnements ? Comment mieux les sécuriser ?
Sur quoi porteront les prochains investissements et les axes de développement au sein du groupe Ducerf ?
Nous concentrerons notre politique d’investissements sur l’automatisation et la mécanisation de tous nos ateliers. Cette automatisation est nécessaire pour améliorer et optimiser les conditions de travail, d’autant qu’on n’arrive plus à attirer les gens vers nos métiers. Grâce à l’automatisation et à la mécanisation, les taches plus difficiles ou les plus répétitives seront confiées à des machines, tandis que les opérateurs seront en charge de métiers plus attrayants, plus qualifiés à l’image d’un conducteur de ligne. De plus, l’œil humain restera indispensable à certains postes clés et notamment pour le chêne où seul un œil expérimenté peut trier la quintessence du produit. Un autre axe de développement portera sur l’attractivité de notre entreprise avec la mise en place d’une politique de ressources humaines plus ambitieuse avec un travail à mener sur le bien-être de nos salariés. Aujourd’hui il faut être au top, viser l’excellence pour capter les candidats à l’embauche et surtout les fidéliser. Enfin, nous travaillons également autour de la revalorisation des connexes issus de la 1e et de la 2e transformation en cherchant des débouchés plus optimaux qu’aujourd’hui puisque la moitié des volumes part toujours à la benne !
Promis à un bel avenir, le bois construction fait majoritairement appel aux bois résineux. Pensez-vous que son développement passera par de nouveaux usages pour les feuillus ?
Quel message souhaitez-vous faire passer auprès des professionnels de la filière ?
Malgré un contexte incertain entre le réchauffement climatique, une filière bois décriée par une petite partie de l’opinion publique, les attaques d’insectes sur certaines essences, ou les difficultés de recrutement, il faut être optimiste et avancer de manière ambitieuse car il y a vraiment un bel horizon pour la filière. Les débouchés sont là. à nous de savoir nous adapter. Je suis convaincu qu’il y a de belles choses devant nous !
Propos recueillis par Adèle Cazier